De retour...

Il faisait un temps orageux, comme souvent à Kumo. Minoue était au bord d’une falaise surplombant le village, les bras croisés et son regard perdu dans l’immensité. A une hauteur d’au moins trois cent mètres, Kumo no Sato s’étallait à quatre ou cinq kilomètre devant elle. La fumée sortant des cheminées en activité, c’était un village qui pouvait paraitre paisible lorsqu’on l’observait de loin. Les citoyens étaient plus ou moins honnêtes, les ninjas assez puissants et le raikage semblait prendre bien en main ses devoirs. Minoue n’avait rien à reprocher au village qui avait détruit son clan… Elle n’avait découvert la vérité que très récemment mais n’avait pas pu se résigner à aller réclamer des comptes aux tombes des raikages défunts. Les maboroshi n’existaient plus, il en était ainsi et elle ne pouvait rien y faire…
Caressant distraitement les manches de ses deux Kuroi’Hiryuu, elle ferma longuement les yeux pour prendre le temps d’inspirer doucement. Cela faisait une à deux semaines qu’elle n’était pas rentrée au village. Elle avait cherché sans relâche des traces qui aurait pu montrer l’affrontement d’il y a neuve ans, mais aucune ruine, aucun gravas ne l’avait satisfaite. Acceptant enfin l’idée qu’elle ne trouverait rien, Minoue s’était décidée à revenir au village.
Maintenant elle défiait les hauteurs, ses orteils dans le vide et son regard balayant l’horizon. Se redressant, elle détourna son regard et fit demi tour en direction du chemin qui serpentait à flanc de falaise pour descendre jusqu’à la forêt qui s’étalait derrière le village de la foudre. S’arrêtant de marcher, elle fronça les sourcils et esquissa un dur sourire. Etait-elle bête ? Devait-elle passer par ce vulgaire sentier alors que ses membres lui criaient de grimper, de sentir la sueur dans son dos et la douleur du tiraillement que faisaient les efforts ? Se retournant une nouvelle fois, elle s’avança rapidement vers le bord du gouffre et s’agenouilla dans la poussière, posant ses mains à plat sur la limite de la falaise et penchant la tête en avant pour y plonger son regard. La cime des arbres ressemblait à la pointe acérée de pieux qui n’attendaient qu’à s’empaler sur des corps innocents, les rocailles pointues jonchaient le sol prêt à recevoir leur part de sang… Minoue releva la tête et sourit d’un air sombre

**Je peux le faire.
Bien sur que non tu ne peux pas… tu tomberas et ton sang maculera alors le sol, tes entrailles décoreront l’herbe et toi, tu seras morte !**

Silence !!

Minoue avait hurlait. Son cri se répéta lentement entres les roches de la montagne. D’un mouvement rageur, elle sauta dans le vide. La paroie défilait devant ses yeux à toute allure et à une telle vitesse qu’elle en devenait flou. Pivotant pour se plaçait face à la pierre, Minoue dégaina deux poignées gravées et une lame noire d’une trentaine de centimètre en sorti de chaque avec un bruit feutré. Les plantant d’un seul coup dans la pierre, des étincelles jaillirent mais sa chute se ralentit progressivement jusqu’à ce qu’elle soit totalement immobilisée. Elle avait descendu une bonne vingtaine de mètres et ses bras crièrent leur mécontentement, diffusant une douleur lancinante. Grimaçant sous la décharge électrique, elle cala précautionneusement ses pieds dans des anfractuosités adéquates et dégagea d’un coup sec l’une de ses lames pour la ranger. Saisissant une prise, elle fit de même avec son autre arme et entama rapidement sa longue descente. Lorsqu’elle arriva en bas, ses jambes et ses bras étaient tellement fatigués qu’elle s’allongea dans l’herbe pour reprendre ses forces quelques minutes. Le souffle court, elle regarda ce qu’elle avait déscendu.

**pas mal…
Tu aurais du t’écraser… Mourir, tout comme les autres !**

Ignorant la voix malsaine qui taraudait son esprit, elle se redressa avec une grimace de douleur et se mit à marcher. Le village de Kumo fut bientôt en vu et elle passa les portes, ne répondant à aucun salut et feignant de ne pas remarquer les doigts qui se pointaient sur elle avec excitation. C’est vrai qu’elle s’était absentée longtemps et que ses habits étaient sals et déchirés. Son visage maculé de poussière malgré les nombreux passages dans la rivière, on avait l’impression qu’elle revenait d’une bataille. Se dirigeant vers le centre du village, elle s’enfonça dans la masse, ses cheveux noirs virevoltant dans son dos où un dragon noir fixait le monde d’un regard cruel…

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